Eden de Saint-Pétersbourg. Festival d'art public Art-Prospect au palais de la culture Gaza

L'usine Kirov reveille le jour,
Il est les racines de ses palais.
Je veux chanter ma ville d'artisans,
Je veux le faire avant de mourir.


Voici le Palais de la culture Ivan Gaza. Cet endroit légendaire se souvient de plusieurs événements et personnes. Il ressemble à un sénescent qui, dans les années 90, a perdu ses papiers pour obtenir une retraite décente et qui est forcé de gagner sa vieillesse. Les rides-fissures ont déchiré ses murs, les lettres sur la façade sont éteintes la nuit et font penser aux dents tombées. Quelque part le sol tombe, et à vrai dire le sable coule depuis longtemps. Le nouveau métro qui est en train de construction à proximité a tout à fait sapé la santé sénile ; la terre a commencé à s'affaisser. Pour cacher les erreurs stupides de la jeune construction, le légendaire ancêtre a été entouré d'une clôture pour souligner sa folie. Il ne peut plus se servir, ni sortir les ordures, ni faire le ménage. Et en même temps, il chante, danse et garde dans son cœur situé au troisième étage la mémoire des trois siècles du pouvoir russe non seulement de la ville de Saint-Pétersbourg, mais aussi du pays entier. Ce serait logique pour notre sénescent de vivre avec ce souvenir des anciens mérites — mais tout à coup les artistes sont venus avec de nouvelles technologies, des demandes pour le public moderne d'élite, et toutes sortes de leurs « attractions artistiques » : excavatrices, fouilles de mammouth, « techno-poésie » et ainsi de suite. Alors, il a réfléchi et s'est brusquement montré « effrayant » selon Freud comme « la maison immonde ». Vers le 4ème jour du festival, personne ne savait comment se débarrasser de l'étrange sentiment que quelque chose ne va pas.

Mais, pour la communauté créative de Saint-Pétersbourg ce sentiment n'est pas étrange, au contraire, tout ce mysticisme et cette destruction est à son goût. Dans « Chaverma » à côté du batiment, où les participants ont mangé gratuitement le jour de l'ouverture, l'artiste Dmitri Vilenski déclare avec joie : « Je viens d'arriver de Madrid, tout cet art émoussé, j'en ai plein le dos. Mais ici je me suis plongé dans l'ambiance naturelle et familière. »
Alors que le groupe d'art répond à la question de Tchernychevski, je me pose une autre question philosophique : « Pourquoi ? »

La vraie saleté, les vraies pièces détruites, les vraies bouteilles de whisky cassées dans la composition « Le vent du changement / la musique du vent » de Macha Kantorovitch. Mais on a déjà vécu trente ans après la fringale, on s'est dégagés, on s'est lavés, le festival est financé. Non, il suffit de balayer les brisures pour que les gens qui se faufilent entre les poubelles bondées ne se coupent pas accidentellement. La composition est suspendue à l'entrée de l'aile droite du bâtiment. Tournez-vous pour gagner de l'air pour l'entrée. Des sculptures lumineuses d'Alexandre Chichkine-Khokousaï sont placées sur l'herbe. Ce n'est pas grave qu'il s'y est fait des amis avec de nombreux auteurs, mais j'ai vu les gens fatigués venant les contempler. Ils passaient après leur travail avec de la bière et s'arrêtaient. La femme était debout et fumait. Les adolescents cherchaient leurs réflexions. Les garçons à vélos discutaient de quelque chose.


Non, pour le moment, je ne vais pas entrer. Je m'approche de la fontaine des anneaux de béton de Piotr Bely. Piotr savait toujours exprimer l'idée d'une seule touche, subtilement, professionnellement — « Eden russe ». Mais nous n'avons pas d'eau, Piotr, vous allez la chercher avec un seau à la dentisterie au coin. Je n'y peux pas m'élever.


Vous ne pouvez entrer le bâtiment qu'avec les mots du critique Gerasimenko : « Oh putain ». Il me les dit directement en face, et bienque je ne l'aime pas beaucoup, cette fois-ci je suis absolument d'accord, cette fois-ci je suis prête à le serrer dans mes bras. Ce n'est pas pour cette raison que Moscou tapait dessus Urs Fischer. Donnez-le nous à Saint-Pétersbourg, au moins nous le montrerons aux enfants. J'ai amené les miens que pour une journée pour voir un mammouth à deux têtes creuser. Il n'y avait rien d'autre pour les enfants au festival d'art public. Mais il n'est pas fait pour les enfants. Il est probablement difficile de reconnaître son public parce que la recherche du public n'est pas le but de ce festival, c'est plutôt le devoir des institutions culturelles. Il est difficile de reconnaître l'art public lui-même. J'étudie un cours spécial en anglais à Smolny sur l'art public, mais il me semble qu'ils me trompent, qu'ils me montrent l'art international de qualité dont l'âme a le frisson, l'unité, la joie. C'est quelque part en Amérique, c'est quelque part à Moscou. J'ai aussi deux volumes du Festival « Extension de l'espace », les pratiques artistiques dans un environnement urbain, mais c'est aussi quelque chose d'autre, il y a même quelque chose sur les sculptures de Rodin. Nous avons nos propres tendances à Saint-Pétersbourg – nous avons présenté au Cosmoscow la scène de Saint-Pétersbourg le parti des morts avec une performance « Cercueil », les peintures noires de Garth, et même la grille grise-mortes à la galerie de Marina Guissitch. Probablement, je ne comprends pas quelque chose, j'ai grandi dans un contexte différent, j'ai reçu une éducation différente. Mais même dans cet article, il est difficile de m'appuyer sur la littérature philosophique et l'histoire générale de l'art, car nous semblons ne pas aller plus loin. Avec le plaisir des vendeurs du marché aux puces Oudelnaya nous montrons nos restes de perestroïka. Mais du coup, je les ai vus à l'age de 3 ans, pourquoi dois-je voir la même chose à mes 33 ?

Le dernier jour du festival, Evgueni Kouzmitchev, représentant de la galerie « Honte », est arrivé, a fermé les yeux et a déclaré qu'il allait changer de nom — la galerie est devenue mainstream.

J'avais honte devant les artistes, j'avais honte devant le public, j'avais honte devant les organisateurs, j'avais honte devant la ville – j'ai même rejoint les artistes de la « Ville d'Oustinov » pour être sur leur territoire artificiel, mais surtout j'avais honte devant l'Usine de Kirov et Poutilov. Je regardais ses rails polis, posés à l'aube de l'industrie russe, et j'avais honte.

Sacha Braoulov, connue pour ses broderies d'avant-garde russe a eu un bon collaboration avec l'artiste américaine Louise Caldwell : l'architecture commémorative en ruine de New York est cousue avec l'architecture en ruine de Saint-Pétersbourg. Peut-être que c'est l'oeuvre principale du 8ème festival d'art public russe-américain Art-Prospect.